Il est des gens auxquels on ne pardonne rien et qui doivent
être des super-héros en permanence. Les pêcheurs semblent faire partie de ce
groupe. Ce que je viens de dire est certes un peu caricatural, mais je pense
que si nous ne sommes plus considérés comme des destructeurs, il reste un peu
de grain à moudre contre nous. En effet, depuis peu, je connais des animateurs
nature qui sont aussi pêcheurs travaillant pour Natagora et, de leur propre
aveu, cela ne pose pas de problème au sein de leur organisation. De même, qui
ne connaît pas des pêcheurs membres d’associations écologistes ? Pour ma
part, je suis abonné chez les Naturalistes de Belgique. Il reste de beaux
préjugés de part et d’autre et si j’ai pu constater une assez approximative et
théorique connaissance des poissons chez pas mal d’amoureux de la nature, cela
n’empêche que le dialogue peut facilement être noué, entre personnes de bonne
composition. Comme partout ailleurs, il existe des intégristes qui se considèrent
bien supérieurs aux autres, mais, laissons-les à leur médiocrité.
Comme je vous l’ai dit, à force de travail et d’actions
positives, l’image des pêcheurs s’améliore auprès des non-pêcheurs. Cela dit,
cette situation est très fragile. En effet, l’humain aime particulièrement
s’attarder et s’attacher aux faits divers et en tirer des généralités, l’un
dénonçant la patte coupée d’un canard à cause d’un fil de pêche laissé sur la
berge et l’autre les crasses laissées par un utilisateur négligent. Leur
conclusion : c’est à cause des pêcheurs. Et je ne leur donnerai tort qu’en
partie : oui, c’est bien un pêcheur qui a laissé son nylon sur la berge
(j’enrage à chaque fois que j’en trouve !), oui, c’est le pêcheur qui a
jeté un sac d’amorce ou une boîte vide d’émerillons. Et, non, la grande
majorité des pêcheurs ne se comporte pas comme des dégueulasses ! Mais il
en existe encore qui ne respectent rien, comme il existe une partie de la
population qui ne respecte rien. Nous sommes en quelque sorte les victimes de
notre nature humaine, souvent prompte à ne pas réfléchir aux conséquences de
nos actes et à se foutre de tout. De ce fait, nous accuser tous de ne pas être
parfaits est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle évidente.
Il n’y a néanmoins aucune excuse à ce comportement :
nous payons tous une taxe poubelle et nos déchets n’étant ni lourds, ni
encombrants, ni spécialement toxiques, peuvent être pris en charge par les
services de collecte et de traitement des déchets. De plus, il y a
régulièrement des poubelles publiques. Autrement dit, rien ne justifie de
laisser ses crasses partout.
La fédération s’est inscrite dans une ligne claire de
protection de l’environnement depuis des années déjà, par la promotion de comportements
citoyens, par des campagnes de nettoyage et en participant aux actions d’autres
associations comme, par exemple, le Contrat Rivière Meuse Aval. Ce travail ne
doit pas être que ponctuel, même si ces journées d’entretien portent leurs
fruits, et, bien heureusement, énormément d’entre nous, pêcheurs, l’ont déjà
compris et ramassent les crasses laissées par d’autres avant de quitter leur
coup. Je ne peux que me réjouir de toutes ces «petites» actions. J’espère et je
ne doute pas qu’elles s’amplifieront dans le futur et que les tristes photos de
palmipèdes morts ou mutilés ne seront plus qu’un lointain souvenir. Vous
l’aurez compris, même si nous ne sommes pas les pollueurs, nous portons cette
responsabilité. Cela a quelque chose d’injuste, mais nous n’avons rien à gagner
à nous contenter de repousser les fautes sur les vrais responsables. Il est
bien plus constructif de montrer que nous prenons la responsabilité de ramasser
leurs ordures ; cela ne rend que plus efficace notre message dénonçant ces
malotrus. Les idées sans l’action ne valent rien !
JNSFP n°228
A un fil de péter un cable ! L'éditorial de février 2015
Reviewed by JN Schmitz
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21:26
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